Tiens, je n'avais pas vu ce topic ! Comme je sais que certains ici l'ont acheté je me lance: j'ai acheté Pokémon Noir 2. Je fais partie de ceux qui n'ont rien contre les nouvelles générations de Pokémon, qui estime que le relatif rejet de celles-ci est avant tout une nostalgie mal placée, et je défends même l'idée que Pokémon Noir et Blanc sont les meilleurs jeux Pokémon sortis après la première génération. De fait, j'attendais pas mal de choses de Noir 2 et Blanc 2. Même si, pour être honnête, je me souviens de la dernière fois où l'on avait mis un "2" derrière une de mes séries de jeux préféré... C'était quoi déjà ?
... Oh. Oui je me souviens maintenant. Hélas.
J'avais donc pas mal d'attentes, mais aussi quelques craintes. On nous avait servi un trailer fantastique tout animé (Celui là si vous ne suivez pas trop Pokémon. Avouez que ça en jette), mais qui, aussi beau qu'il soit, ne nous offrait pas beaucoup d'aperçus de ce que serait véritablement le jeu. Or les trailers suivants se sont fait beaucoup plus discrets... En majeur partie parce que, finalement, qui avait-il à montrer ? Le jeu n'était pas plus beau, le Gameplay pas différent... Mais il s'agit là de la routine de la saga, puisque le troisième jeu des générations précédentes n’avait jamais amené que de légères nouveautés et quelques altérations mineures du scénario. Ce qui changeait vraiment en revanche - et le trailer animé le montrait bien -, c'est que la "troisième version" de la cinquième génération allait nous proposait une suite des jeux précédents, et donc un nouveau scénario. Or c'est précisément que mes attentes - et celles de nombreux joueurs - se sont placées. Car si le scénario de Pokémon Noir et Blanc ne tenait que difficilement la route face à la majorité des RPG - quoique... -, il était sans contexte supérieur à toute la série précédente, offrant un vrai "débat" sur son propre univers. Comment cette affaire allait-elle suivre ?
Mal. Évidemment.
Ce nouveau scénario n’a AUCUN sens. Je tenterais d’être bref pour ne pas trop ennuyer ceux qui ne sont pas très adeptes de Pokémon et qui liraient ces lignes, mais, pour faire court, Pokémon Noir et Blanc nous confrontaient à la Team Plasma, qui milite pour la libération des Pokémons du jouc de leurs dresseurs, estimant que la capture de Pokémon était semblable à l’esclavage. L’objectif n’était pas totalement dénué de sens, et était motivé par deux idéaux – spoilers en vue - : ceux de N, qui cherche effectivement à libérer les Pokémons pour leur bien, et ceux de Ghetis, manipulant N, qui pour le coup se dit que ce serait bien plus facile de dominer le monde si ces abrutis de dresseurs avaient moins de Pokémons. Ce dernier objectif étant plus ou moins dissimulé et camouflé derrière les « bonnes » intentions, on peut donc comprendre que certains se rallient à la Team Plasma par idéalisme.
Dans Pokémon Noir 2 et Blanc 2, la Team Plasma a été divisée en deux camps, suite à la révélation des plans de Ghetis : celle qui suit les idéaux de N, mais qui maintenant sont plutôt pour le rapport Pokémon/dresseur dans l’espoir qu’un jour ce lien puisse se tisser sans Pokéball, et celle qui suit les plans de Ghetis. Et là, le problème arrive. Parce que oui, croyez-le ou non, il y a un plus grand nombre de types qui veulent suivre un malade mental prêt à tuer familles et Pokémons pour dominer le monde OUVERTEMENT que le fondateur de la SPA locale. Mieux, certains croient encore FAIRE LE BIEN à ses côtés, alors qu’il est clairement dit dans le jeu que Ghetis ne fait aucun mystère de son ambition. Alors que l’on rejoigne la Team Rocket, d’accord, c’est une mafia, on la rejoint pour les mêmes raisons que l’on rejoint une mafia. Que l’on adhère aux Team Aqua et Magma c’est déjà beaucoup moins justifiable, mais disons que le jeu n’avait de toute façon aucun sens scénaristiquement. Que l’on rejoigne la Team Galax…
…
Non, je n’ai jamais compris quel était son but en fait, j’imagine qu’ils kidnappent leurs membres et leur font des lavages de cerveaux. Enfin pour défendre mon idée disons qu’ils cachent leur objectif principal… quel qu’il soit… Mais que l’on rejoigne un type qui veut clairement dominer égoïstement le monde SANS AUCUNE RAISON.
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Désolé, mais même pour Pokémon ça semble peu crédible. Et on parle d’un monde où l’activité économique principale est le combat de coq, dirigé par le plus grand entraineur de coq au monde. C’est dire, quand même.
De plus cette intrigue est horriblement lente. Il ne se passe quasiment rien avant le septième badge, sérieusement. Avant cela, on ne fait que vaguement poursuivre le Team Plasma aux plans encore très flous en compagnie d’un des pires rivaux jamais créé dans Pokémon – j’y reviendrai -, avec de temps en temps une intervention de Nikolaï, le scientifique, que les scénaristes essayent très très fort de rendre crédible, mystérieux et provoquant dans sa façon de penser, mais qui finalement n’est qu’un outil pour un twist final désastreux. Beaucoup d’attente pour pas grand-chose. C’est bien triste…
Parlons à présent personnages. Car Pokémon Noir et Blanc avaient à mon sens présenté des personnages plus sympathiques que dans les générations précédentes – en particulier la 4e où chaque personnage m’avait laissé soit indifférents, soit avec l’envie de leur mettre une baffe -. Les champions d’arènes étaient, en générale, plutôt funs, et avaient plus ou moins un rôle dans le scénario. Les deux rivaux, bien qu’ils soient très légèrement lourds à vous arrêter à chaque ville, sont acceptables, en particulier en comparaison aux précédents à l’exception de Blue/Green/Régis. N finalement est assez attachant, le Maître de la Ligue plutôt cool, et les 7 Sages sont étrangement bien pensés à mon sens : on les voit peu, mais chacun a sa motivation particulière lorsqu’on les traque, ce qui est un effort plutôt admirable. Oh, Ghetis était un méchant horriblement cliché et assez peu charismatique, mais finalement il faisait son office, et on avait au moins l’impression d’affronter quelqu’un d’important, contrairement à Rubis et Saphir pour exemple. Dans Noir 2 et Blanc 2, oubliez. AUCUN champion d’arène - mis à part Tcheren qui était votre rival dans Noir et Blanc, donc ça ne compte pas – ne prend part à l’aventure. Oh si, Watson. Sa ville se fait attaquer en même temps, et finalement il passe son temps sur un sous-fifre Plasma pendant que vous vous tappez tous les autres et le sage Lilien. Et le type qui sert de blaguounette pour le dernier badge et qui vous descend le pont du navire qui sert de base à la Team Plasma. Pour ensuite s’enfuir courageusement. Un héros. Votre rival est HORRIBLEMENT CHIANT. Et pourtant, à sa façon cavalière de parler, à son énergie, à son design j’espérais de lui une réincarnation du regretté Blue de la première génération. A la seconde ligne de dialogue tout espoir est envolé. Il n’est pas seulement très ami avec vous et donc fondamentalement sans animosité, non non. Il n’a RIEN A FAIRE de vous. Vous pourriez tout aussi bien être Fillette Jennifer ou Gamin Thomas que ça ne changerait rien. Son objectif, sa raison d’être, c’est de battre la Team Plasma pour récupérer le Pokémon de sa sœur. Et vous, vous êtes le type qui se trouve là par hasard pour lui filer au coup de main, au mieux. Chaque fois que vous le combattez, le mot « pourquoi » vous échappe tellement ce type n’a aucune raison de vous affronter. Pire encore, lorsqu’il vous arrête, traditionnellement, avant la ligue Pokémon, j’ai été surpris. J’ai joué à chaque version depuis la première génération, et j’ai été surpris tellement ce type semblait n’avoir rien à faire là. Rien de rien. Timmy de la troisième génération est un rival plus légitime que lui. TIMMY. N est devenu Jésus. Ghetis est devenu Satan. Il n’y a plus que deux sages : Lilien le gentil et un autre bisounours. Oh, ai-je stipulé que les membres de la Team plasma avec Ghetis et Lilien étaient en noir et ceux qui suivaient N et bisounours était en blanc/gris ? Au cas où vous n’auriez pas identifié les méchants, on ne sait jamais.
… Mais ce qui m’attendait de pire, de BIEN pire ne devait arriver qu’à la toute fin du jeu. Il est établit quasiment au début du jeu que Goyah n’est plus le Maître de la ligue d’Unys, soit. Mais alors, qui a bien pu remplacer ce mâle viril et vagabond d’une trentaine d’années ? Résumons les précédents Maîtres de la ligue. Il y eût d’abord Blue, votre rival, dresseur survolté au titre justifié puisque cet ultime combat est le final logique du jeu. Puis il y eût Peter, maître des dragons, déjà établit comme un dresseur hors-norme depuis le jeu précédent et plutôt classe, il faut le dire. Ensuite il y eût Pierre – non, pas celui de la série -, il homme en fin de vingtaine sérieux et motivé, maître des Pokémons acier. Enfin il y eût Cynthia, belle, mature, une personnalité prononcée et imposante. Du coup, quoi de plus logique que de nommer, cette fois-ci, une nouvelle femme à la tête de la ligue ? Une femme qui saura faire honneur à la cause féminine si longtemps décriée dans Pokémon, et qui reprendra avec dignité la place laissée par la Maîtresse de la 4e génération.
… Ou une gamine de 7 ans et demi en robe de princesse, alors que l’âge moyen du dresseur que vous contrôlez a lui-même augmenté à environs 14 ans. Mais peut-être que son équipe aura de quoi surprendre ! Certes, elle était la championne de type Dragon dans la version Noire, mais pour remplacer Goyah il faut une équipe de plusieurs type comme pour lui…
… Ou alors avoir une équipe dragon comme Peter. Oui, pourquoi pas oui…
Mais ce que nous, les fans, aimons dans les combats contre le Maître de la ligue, c’est aussi la musique. Souvenez-vous de la tension qu'offrait le thème de combat contre Blue, employant toutes les capacités du son 8-bits de la Gameboy. Ou encore de la légendaire musique du combat contre Peter, plus pour être celle de Red certes, sans parler de l'excellent remix de la version DS du jeu. Souvenez-vous également de la moins célèbre mais entrainante musique de combat du champion de Rubis et Saphir. De la superbe, stressante, terrible musique accompagnant le combat contre Cynthia. Bon, Goyah est moins marquant de ce côté-là, il faut bien l'avouer.
Mais rien. RIEN. Ne me préparait à ça.
Attention, que l’on soit clair. Cette musique est parfaite pour une gamine en robe de princesse. Et elle fait BEAUCOUP d’efforts par moment pour nous faire croire que le combat est impressionnant. Mais franchement, entre nous : est-ce que, en écoutant cette musique, vous pensez grand climax final et combat contre des dragons ? Parce que moi, pour le coup, j’ai surtout l’impression de faire un Mario-Kart sur un mauvais Remix de Rainbow Road. Bon, l'arène ne m'aide pas trop à penser autrement il faut l'avouer.
Voilà. Après une Route Victoire éreintante, la seule chose qui m’est resté sur les lèvres à cet instant était « tout ça pour ça ». Oh elle est plutôt balèze tout de même, pas d’inquiétude. Sauf si vous avez de bonnes attaques glace bien sûr.
Un dernier point négatif, et promis je m’arrête là-dessus : je me souviens du temps où l’on devait chercher les trois Pokémon légendaires « secondaires », comme Artikodin, Electhor et Sulfura. Dans ce jeu ils se plantent en face de vous pendant l’aventure. Merci ?
Bien, après toute cette violence gratuite… Quelque chose sauve-t-il cette version à mes yeux finalement ? Eh bien, croyez-le ou non, c’est bien le cas. Il est vrai que le jeu, en particulier scénaristiquement, est loin de mes attentes. En termes de Gameplay en revanche… Vous avez accès, et ce pendant tout le jeu, à de nombreux Pokémons toutes générations confondues – contrairement à Noir et Blanc où il fallait attendre la fin du jeu -. Le jeu est assez long, et garde la difficulté légèrement plus élevée de son prédécesseur, sans être complètement abusé. Les cinématiques sont très cools. De nombreux nouveaux endroits sont à découvrir, et je n’exagère pas en disant nombreux, croyez-moi, entre la Galerie Concorde qui offre un nouveau mini-jeu très intéressant, le Pokéwood, qui a le mérité d’être plus fun que l’horrible Music-Hall encore présent dans cette version, et le Pokémon World Tournament qui a quand même bien la classe, vous avez le choix. En parlant de ce dernier ajout d’ailleurs…
Vous pouvez réaffronter tous les champions d’arènes et de la ligue de toutes les versions précédentes. Oui oui. Tous. Avec leurs musiques. Et ce sans Event pourri qui sert à plomber les joueurs qui, comme moi, n’ont pas de connexion Internet pour leur DS. Et ils ont même ajouté Giovanni. Rien que pour cela je ne regrette même pas cet argent que j’ai dépensé sans même y penser.
De fait, quel bilan tirerais-je de Noir 2 ? C’est une version qui à mon sens décevra les défenseurs de la cinquième génération, rendant plus difficile encore la justification de la qualité de cette génération par son scénario. D’un point de vue du jeu pur et simple en revanche, pas grand-chose à y redire, Gamefreaks nous fait même le plus beau cadeau qu’il n’ont jamais fait aux fans avec le Pokémon World Tournament, donnant aux amateurs comme moi l’envie de jouer la partie la plus ardue du jeu, héritière de la fameuse Tour de Combat de la seconde génération qui démotivait par sa difficulté et le peu d’intérêt qu’il pouvait y avoir à la finir. Plus tard d’autres buts ont été donnés, puisque c’était lors de ces compétitions que l’on pouvait débloquer, pour exemple, des capacités et des objets inédits. Cependant, le problème était le même : un challenge élevé et peu justifié, puisqu’on rencontrait des dresseurs bien plus puissants que la ligue sans raison aucune. Pas d’excuse cette fois : les vrais champions sont dans la place, et la nostalgie motive. Qui n’a pas envie d’affronter une nouvelle fois Red, champion ultime de la compétition, même si nous avions eu le plaisir de le trouver remis au goût du jour par Hearth Gold et Soul Silver ? En résumé, une version qui ne répond pas aux attentes de renouvellement de la série, mais qui renoue plutôt avec notre nostalgie. Dommage peut-être, mais il était bien plus rentable de jouer sur la nostalgie que sur la nouveauté, c’est un fait.
PS : Pour ceux qui jouent également « dans la cour des grands », entrainant leurs Pokémons à l’EV et à l’IV et qui sont connaisseurs de véritables stratégies professionnelles, sachez que N se bat, en fonction de la saison, avec des Teams qui interagissent avec une condition météorologique – grêle, tempête de sable, soleil et pluie -, et qui sont dans l’ensemble très « professionnelles ». De quoi initier les amateurs au combat stratégique !