Une baleine ?

Le soleil se couchait à l'ouest, perpétuant ainsi son cycle éternel. Les oiseaux piaillèrent une dernière fois son départ avant de rejoindre leurs nids, impatients qu'une nouvelle journée commence. Divers animaux profitèrent de son coucher pour, au contraire, se lever et partir, par exemple en quête de nourriture afin de subsister à leurs besoins. La nature suivait ainsi son cours, les vagues déferlaient à un rythme quelque peu continu et mouraient sur le sable fin et d'un blanc pur. Cependant, un obstacle ce soir-là fut autre que minéral : il possédait des couleurs plutôt chaudes tels qu'un rouge déteint, le beige ainsi qu'un blond foncé.
Une jeune fille d'environ dix-sept ans était étendue sur le sable, ses habits étaient abîmés et presque entièrement délavés à cause de l'eau de mer, empêchant quiconque de voir le rouge d'origine ; on lui avait souvent dit que cette couleur lui allait bien et contrastait avec ses yeux bleus. L'adolescente était inconsciente et laissait les vagues lui lécher les jambes ; son dernier souvenir remontait à une certaine date dont elle ne se souvenait plus, lors de son accident de bateau. Cela lui apprendrait à prendre des billets à bas prix, même si elle n'avait pas eu le choix, sa maigre bourse ne lui avait pas permis de prendre une place plus chère dans un navire plus aisé.
Elle maudissait son père, l'origine de ses problèmes : s'il n'était pas devenu accro au jeu, il n'aurait pas accumulé des dettes que sa famille avait refusé de payer, les précipitant de cette manière tous à la mort. Elle avait été la seule survivante, la forçant ainsi à fuir ainsi qu'à exploiter son talent au piano de même qu'au chant, elle avait même dû modifier son nom et sa langue natale, reniant ainsi ses origines. Elle n'avait rien demandé, elle était parfaitement heureuse à cette époque, sans que les sociétés secrètes soient à leurs trousses ; s'ils apprenaient qu'elle était vivante, ils la tueraient aussi, sans aucun doute. Cette peur la tiraillait jour et nuit, depuis ce soir-là où toute sa famille avait péri, elle n'avait jamais bien dormi, se remémorant les images tragiques et enflammées de cet moment crucial en boucle.
Cela faisait des mois que la jeune pianiste n'avait parlé à personne en russe, et cela lui manquait ; étant une riche bourgeoise, ses parents lui avaient donné une gouvernante française qui lui avait transmis sa langue, comme tous les enfants de son rang, en conséquence elle maîtrisait ce langage aussi bien que sa langue natale, le parler lui était aussi naturel que de respirer. Parlerait-elle un jour à nouvelle sa langue maternelle ? Peut-être qu'un jour, sur sa route, elle croiserait une personne en mesure de la comprendre...
La douleur la tiraillait de partout, son corps ne lui répondait plus. La jeune naufragée ne se souvenait plus de rien, sa conscience errait dans le néant, refusant de revenir à son point d'origine. Ses esprits n'étaient pas assez revenus afin qu'elle analyse la situation et comprenne dans quel pétrin elle s'était fourrée...

[Bon je sais pas trop quoi dire avec une inconsciente, excusez le bla bla ^^]

Iznogood Messages : 1399 Inscrit le : 22/03/2010

Reprenant peu à peu ses esprits, ou plutôt, son champs de conscience lui faisant rapidement voir qu'il avait atterrit (ou tombé ? Son esprit était encore perturbé par cette idée de long saut improbable) juste à côté d'un corps qui semblait sans vie.

- Mais que...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase, son chien le coupa net par des aboiements bien différents que ceux qu'il avait l'habitude d'émettre. Le corps était à moitié recroquevillé sur lui-même, les jambes étaient immergées par les flots incessant de la marée haute, la personne semblait totalement inconsciente.

Mais ce qui frappa le plus Killy, à ce moment là, c'était la beauté des traits fins de la jeune fille. D'habitude insensible au charme féminin, du fait de son éducation - ne laisse jamais l'apparence te séduire, mon fils, ce serait le plus gros piège dans lequel tu pourrais tomber, lui avait toujours répété sa mère - il ne put, pendant une poignée de secondes qui semblait durer des heures, se détacher de la contemplation de ce visage angélique. Le spectacle offert aurait pu sembler morbide à n'importe qui; ce dernier, dans un vague effort de ressaisissement, s'adressa ainsi à Rubis :

- Truc ! Machin ! Chose ! Par tout les dieux, que dois-je faire ? s'était écrié Killy, pris de panique.

Un mélange de sentiments, allant de la peur à la subjugation avait fini par noyer la raison de ce pauvre Killy, au point qu'il ne savait plus quoi faire.

Tache d'encre Messages : 44 Inscrit le : 22/03/2010

Première chose que fit Rubis, ce ne fut pas d'agir au plus vite, ce fut de s'asseoir et de regarder son maître sans qu'il sache que c'était par pitié. Ces humains avaient une manie assez ennuyante, celle d'installer au dessus de leur tête des êtres surpuissants pour parvenir à garder la forme et avoir une façon positive de penser que leur vie ne vaut rien. Il les appelaient Dieux, ces êtres qui n'existaient que dans leurs têtes, et grâce à qui, ou à cause de qui, tout allait super bien ou de travers...
Ensuite, elle réfléchit à ce qu'il lui fallait faire. Cela ne lui prit qu'un dixième de seconde, le temps d'entendre par son ouïe sur-développée son coeur battre, de calculer la probabilité qu'elle soit en bonne santé par rapport à ce battement, celle qu'elle parle la langue des Phénixiens, et enfin celle qu'elle soit encore choquée de ce qu'elle venait de vivre. Sans doute cela faisait peu de temps qu'elle était là, inconsciente. Peut-être était-elle arrivée la veille.
En attendant, il fallait la sortir de là. Rubis émit un couinement plus proche d'un grognement significatif d'une prise de décision et sa gueule robotique prit la jeune fille par le col, ce qui eut pour effet de lui faire cracher le peu d'eau qu'elle avait encore dans la bouche, et de la réveiller par la même occasion.
Il fallait la transporter dans un endroit sur, qu'elle soit au moins séchée. son odeur humaine avait été effacée par celle du sel de la mer. La pauvre ; finalement Rubis la comprenait, elle venait d'atterrir au même enfer qu'elle. Et rien que pour ça, elle l'aimait bien. La déposant tendrement sur le sol, elle aboya à son maître et fit un signe de tête pour qu'il mette la jeune fille sur son dos ; ils sauraient qui elle est le moment venu ; il fallait d'abord la sécher et l'habiller autrement qu'avec ces fringues mouillées :

_ Arf. Arf.

Elle se coucha sur le sable pour que Killy mette le paquet sur son dos ; ensuite, il lui suffirait de le prendre par le col comme elle l'avait déjà fait pour l'amener vers l'inconnue, et elle le referait sans doute pour les amener tous deux dans un endroit sain.

La jeune fille se sentait atrocement faible, ce qui engendra une certaine honte. Comment pouvait-elle être réduite à un tel niveau, elle qui avait tout fait pour s'en sortir ? On ne pouvait pas lui retirer sa dignité, elle lui appartenait à elle et à personne d'autre. A demi-inconsciente, elle sentit quelque chose la tirer par le col, son corps réagit par réflexe puis recracher une petite partie de toute l'eau qui envahissait ses poumons, cela lui permit de mieux respirer ; peut-être esquissait-elle un léger sourire en guise de remerciement si elle n'avait pas rêvé ce qui lui était arrivé. Un être était venu à son secours ? Cela paraissait si beau, si inattendu… Elle espérait vite se remettre sur pied afin de le ou la remercier puis rembourser sa dette. Son aventure sur le bateau était oubliée, elle ne savait même pas où elle était et ne se le demandait pas, ce passage de sa vie était à présent effacé de sa mémoire, il était impossible pour elle de répondre si on lui demandait ce qui s'était passé avant qu'elle n'atterrisse ici. Dès qu'elle irait mieux, elle s'en souviendrait sans doute.
L'adolescente sentit qu'on la traînait un peu sur une matière rugueuse et granuleuse, c'était certainement du sable ; elle se laissa faire, incapable d'en faire autrement. Un petit vent frais la fit un peu frissonner, en raison du fait qu'elle fût complètement trempée jusqu'aux os. Si elle avait été suffisamment consciente, elle aurait souhaité avoir un bon bain chaud ainsi que des vêtements secs et propres ; toutefois, où pourrait-elle trouver cela ? Elle n'avait plus un sou à cause de son billet pour son voyage, il lui fallait travailler dur de manière à se refaire une bourse. Pourquoi se retrouvait-elle sans arrêt dans une impasse ? Si seulement quelqu'un pouvait l'aider, juste un peu, afin qu'elle puisse se relever…
La russe ouvrit lentement un œil, or elle fut aveuglée par la luminosité ; cependant, elle réussit à apercevoir une silhouette non loin. Elle ne voyait pas grand chose, juste des cheveux bruns ainsi que de profonds yeux verts ; serait-ce son sauveur ? Qu'allait-il faire ? L'emmener dans un endroit sur ? La soigner ? Ou bien la violer avant de l'assassiner froidement ? Quoi qu'il fasse, celle-ci n'était de toutes manières pas capable de se défendre, elle ne restait qu'un pantin entre ses mains, qu'elle vive ou meure ne dépendait que de sa décision.

Iznogood Messages : 1399 Inscrit le : 22/03/2010

La réaction forte avisée de son chien avait permis à Killy de regagner sa vaillance perdue.

*Décidément ce chien finira toujours par me sauver la mise, on dirait...* songea brièvement Killy.

La jeune femme qui venait de s'échouer avait encore la force de respirer, du moins sous la pression de Rubis elle avait expulser l'eau qui s'était engouffré dans sa gorge (ou dans ses poumons, l'auteur ne put le vérifier). Killy préféra s'assurer de l'état de la demoiselle. Il saisit d'un coup vif et appliqué le poignet droit de la jeune fille et s'exclama :

- Son pouls est faible, mais son coeur bat. Il faut faire vite, une crise d'hypothermie n'est pas à craindre. Conduisons là au plus vite dans un endroit sûr. Truc, on va avoir encore avoir besoin de tes talents...

Alors que son chien était déjà en position pour les aider, il souleva vigoureusement mais avec délicatesse la demoiselle, de telle sorte que celle ci allait bientôt se retrouver à califourchon sur son dos, les jambes prisonnières de ses bras, et les mains enserrant son cou. Il prit la précaution de fixer celle ci solidement à lui, en entourant sa taille à la sienne avec le fin manteau qui le recouvrait habituellement, dont il s'était dévêtit pour l'occasion. Il crut entr'apercevoir une tentative d'ouverture des paupières de la jeune fille, et dès lors il jugea bon de lui parler, pour chercher au moins à ce qu'elle ne s'évanouisse pas de nouveau. Un nouveau malaise pourrait lui être fatal...

- Mademoiselle...Mademoiselle ! Oui, apparemment vous pouvez m'entendre, alors surtout, ne cherchez pas à fournir le moindre gros effort, cela pourrait vous être nuisible, mais essayez de rester parmi nous. Faites nous confiance, nous allons rapidement vous amener à bon port, là où un médecin pourra vous soigner. S'il vous plait, essayer simplement de rester consciente...Pour l'amour du ciel !

Killy crut bon de continuer de la rassurer, tout en continuant sa délicate manoeuvre. Il était facilité dans sa tâche à la fois par le faible poids de la jeune fille mais aussi par son incapacité à se débattre. Quelques questions commencèrent à fuser en lui. *Qui était elle ?* * D'où venait elle ? *. Et puis quelque chose semblait singulier, à bien la regarder quelque chose lui avait semblé étrange, mais il ne savait pas ce que c'était. Il lui glissa encore quelques mots :

- Essayer du mieux que vous le pourrez de solidement vous maintenir à moi. N'hésitez surtout pas, si vous avez encore un tant soi peu de vigueur dans vos bras, cramponnez vous du mieux que vous le pourrez.

La jeune fille ne répondait toujours pas, probablement encore choquée ou sonnée par ce qu'il avait du lui arriver, mais Killy sentit tout de même deux bras qui désormais encerclait parfaitement son cou. Un petit sourire lui échappa, c'était sa façon à lui de soupirer de soulagement.

- Désormais, on y va ! Truc ! En avant ! fit il avant d'entamer sa course.

La course contre la montre avait commencé. Pourrait il sauver la vie de la jeune fille à temps ? Toujours est il que les 3 se ruèrent désormais vers la maison la plus proche, à 4 ou 5 kilomètres de là...

La jeune fille se sentit à nouveau ballotée, bougée dans tous les sens, sans savoir que faire. Au moment où une main bienveillante attrapa son poignet, elle se sentit comme rassurée, protégée, comme si plus rien ne pouvait jamais l'atteindre, on pouvait presque imaginer qu'une bulle avait recouverte la sienne afin de la protéger, de la défendre. Le désir d'en voir plus du jeune homme augmentait, elle tenta de rouvrir les paupières, malheureusement elle ne put détailler plus de choses que la dernière fois : de beaux cheveux bruns accompagnés d'yeux émeraudes. Elle espérait sincèrement ne pas rêver, que son sauveur existait réellement. Elle le sentait, à présent, au son de sa voix, il n'était pas méchant, il ne lui souhaitait que du bien. Le son de sa voix l'apaisait, celle-ci était certaine qu'elle pouvait se reposer sur lui, le laisser prendre en charge les opérations. Elle ne distinguait pas très bien ses paroles, cependant il lui semblait qu'il lui disait de s'accrocher, que bientôt elle serait sauve ; instinctivement, elle enroula lentement ses bras autour de son cou, comme s'il lui avait demandé de le faire ; c'est à ce moment-là qu'elle parvint à deviner à peu près qu'elle se trouvait sur son dos.
La pianiste se laissa bercer par les échos du coeur qui retentissaient dans son dos, où elle avait posé sa tête, alors qu'un sentiment de sécurité l'envahissait toute entière. Elle ne voulait pas se battre, une fois de plus, juste qu'on prenne soin d'elle, pour la première fois depuis longtemps ; ce sauvetage inattendu la détendait, lui permettait de se reposer sur les épaules d'une autre personne, pour une fois. La naufragée ouvrit la bouche afin de prononcer quelque remerciement, or sa voix refusa de sortir : serait-elle devenue muette ? Un frisson la parcourut, elle ne le souhaitait pas. Avec ses forces restantes, elle serra les mâchoires avant de tenter de se détendre : elle devait toujours être en état de choc, de plus elle était encore bien faible, il lui fallait du temps avant de recouvrer la voix correctement, se forcer ne ferait rien de bon. Sur cette conclusion, la fugitive soupira discrètement et longuement avant de fermer ses yeux entrouverts, en se laissant bercer par la marche du jeune homme ainsi que son odeur qui la mettait en confiance...

Iznogood Messages : 1399 Inscrit le : 22/03/2010

Killy s'assura une dernière fois que sa 'passagère' était bien cramponnée. Cela ne lui était jamais arrivé, de devoir secourir quelqu'un de la sorte, il en regrettait presque de ne pas avoir passé son brevet de secourisme.

* Mère avait raison, soupira-t'il. On ne peut jamais savoir à l'avance qu'un tel cas de figure ne se produira pas dans sa vie.*

Mais Killy n'en était pas amer pour autant, au contraire, une sensation dont la nature lui échappait le parcourait. L'excitation d'avoir à sauver quelqu'un pour la première fois de sa vie d'une mort imminente ? Mh, non, ce n'était pas ça. De toute façon il n'avait pas vraiment le temps à la réflexion, la jeune fille ayant désormais posé son visage contre son dos, il fallait faire vite. Elle s'était peut-être évanouie...Le choc du naufrage supposée, conjugué à l'angoisse d'être sur le dos d'un parfait inconnu, si tant est qu'elle en avait pris conscience, n'avait rien de rassurant, en effet.

* La prochaine fois je n'oublierai pas de sortir avec une brassière de la Croix-Rouge...se mit à penser le jeune homme *

Il entama sa course contre la montre de manière progressive. D'abord à petite foulée, il remonta le long de la plage jusqu'à la côte, puis il fit l'ascension de celle-ci d'une démarche un peu plus vite, pour ensuite atteindre son allure maximale sur la distance restante. Le chien le suivait de près, on aurait dit que ce dernier était près à devoir prendre le relais au cas où son maître s'épuiserait. Sur la route, il n'y avait étrangement personne, à ce moment de la journée.

* Tant mieux, songea Killy, ces plébéiens n'auraient fait que me ralentir. Cela évitera les 'on dit', ce qui n'est pas plus mal. *

Le château familiale n'était plus très loin quand il prit soin, en pleine élan, de s'assurer par un brusque, mais contrôlé, mouvement du dos pour voir si la demoiselle n'avait pas perdu sa position initiale. Ressentant à nouveau son visage contre son dos, le frère de Chibi fut rassuré et c'est en toute hâte qu'on le vit pénétrer dans l'enceinte de la demeure familiale...

[Suite du RP dans le topic " La chambre de la naufragée' ", dans les habitations]