| | Concours des plumes [Votes] | |
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Mikan Dictatrice au fouet d'argent
Messages : 6806 Inscrit le : 20/03/2010 Localisation : Je suis passée par ici, je repasserai par là...
Disponibilité : Moyenne
| Sujet: Concours des plumes [Votes] Dim 2 Sep 2012 - 11:04 | |
| Ave la phénixie !
Aujourd'hui est enfin venue l'heure de voter pour l'heureux gagnant du concours des plumes ! Merci à nos deux participants qui ont pris le temps de nous concocter un texte et bonne chance à tous les deux.
Pour ce concours, un système de votes un peu particulier va donc être mis en place. Il ne s'agira pas de simplement voter pour votre texte préféré mais d'attribuer des notes selon certains critères. Seuls les critères ci-dessous doivent être évalués, aucun autre ne sera accepté, de même qu'un vote sur lequel il manquerait des notes ne sera pas comptabilisé. Pour voter, vous attribuerez de 0 à 5 plumes par critère (0 étant la note la plus basse et 5 la note la plus haute).
- Citation :
- Appréciation générale :
Compréhension : Utilisation de la langue : Originalité : Construction : Développement : Début : Fin :
N'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour expliquer vos choix. Vous avez jusqu'au 20 septembre pour voter - Spoiler:
- Texte 1 a écrit:
- « À votre avis, qu’est-ce qui pèse le plus lourd : une tonne de plumes ou une tonne de plomb ?
L’oiseau s’ébouriffa. Une plume tomba lentement vers le sol, glissant dans les airs comme une feuille d’automne. Elle dériva de sa trajectoire, retardant sa chute, lorsqu’un courant d’air impromptu traversa la pièce ; la fenêtre était entrouverte. Le soleil se couchait au loin, nimbant le perchoir d’une lumière rougeâtre.
- Question idiote.
La plume d’oie qui grattait la feuille d’encre noire s’immobilisa. Le propriétaire de la plume leva les yeux vers son interlocuteur, repoussant les lunettes sur son nez de son autre main.
- Oui, bien sûr, il est impossible de rassembler une tonne de plumes, accorda-t-il d’un ton docte. Ça ferait vraiment beaucoup de plumes...
Il coula un regard vers l’oiseau qui lissait les plumes de sa longue queue avec application. L’autre baissa la tête en se pinçant l’arrête du nez, pressentant la suite.
- Mais en admettant que cela soit possible, est-ce qu’une tonne de plumes serait plus ou moins lourde qu’une tonne de plomb ?
Parmi les divers papiers qui s’étalaient sur le bois brun du bureau, un article de journal apparaissait nettement, en particulier la photographie en noir et blanc et le titre accrocheur qui l’accompagnait : « Lancement de la nouvelle collection de Chayton Cleite ! » ; sur l’image, on pouvait voir un mannequin parader dans un manteau semblant constitué de plumes de corbeau.
L’oiseau émit un roucoulement amusé avant de s’ébrouer de nouveau, envoyant dans les airs deux nouvelles plumes qui tournoyèrent un instant avant de se poser, l’une sur le sol, au pied du perchoir, l’autre sur le bureau, au-dessus de la photo du journal.
L’homme la chassa d’un geste souple à l’aide de la plume d’oie, avant de poser celle-ci dans son reposoir.
- La question reste idiote.
Il croisa les doigts tout en posant les bras sur le bureau, son regard retenu par l’image du mannequin sur le papier jauni.
- Bien sûr, bien sûr, confirma-t-il. Il est tout aussi improbable d’obtenir une tonne de plomb.
Il décroisa les doigts pour lever l’index de sa main droite, ramenant son regard sur le jeune homme qui lui faisait face de l’autre côté du grand bureau.
- Mais essayons de rester dans la théorie, voulez-vous ? Imaginons, et j’insiste sur ce terme, qu’il soit hypothétiquement possible de rassembler l’une et l’autre. Laquelle serait la plus lourde ?
L’autre homme poussa un ostensible soupir agacé. L’oiseau piailla, se pencha légèrement en avant pour étirer ses ailes, étira ses ailes, les ramena contre son corps et se redressa. Il secoua brusquement la tête, puis retourna à sa toilette.
- La question n’est pas de savoir s’il est techniquement possible d’obtenir une tonne de plumes et une tonne de plomb. C’est la question en elle-même qui est idiote.
Le ton de sa voix indiquait clairement qu’il perdait patience face à un débat aussi ridicule. Au loin, à travers la fenêtre, le soleil disparaissait derrière la cime des arbres. Un plafonnier semblable à un candélabre très sophistiqué s’alluma dans la pièce pour palier l’augmentation de la pénombre.
- Ne soyez pas aussi terre-à-terre, mon garçon... réprimanda gentiment le plus vieux, à la fois amusé par l’agacement de l’autre et un peu déçu de ne pas obtenir de réponse. Il se leva, le poids de son âge se manifestant dans son geste, et invita l’autre homme à le suivre vers une autre pièce d’un mouvement de main espiègle.
Son invité leva les yeux au ciel avant de consentir à se lever à son tour, et lui emboîta le pas avec une feinte réticence.
Le vieil homme ouvrit une porte de bois ouvragé à droite de la fenêtre toujours entrouverte. La forêt avait englouti le soleil et la nuit prenait doucement sa place. Il referma la porte après que le jeune homme soit passé.
L’oiseau poussa un cri strident en les voyant disparaître. Il battit des ailes, envoyant un flot de plumes autour de lui, scintillantes à la lumière des bougies du plafonnier. Elles retombèrent en nuage de rouge et d’or autour de lui, tandis qu’il se tournait face au mur en gestes saccadés, dans une attitude boudeuse.
Sur la photo du journal, le mannequin avait changé de position, ouvrant son large manteau de plumes noires pour dévoiler un bustier confectionné en longues plumes de cygnes, agrémenté de quelques bijoux brillants.
Dans l’autre pièce, le jeune homme observa autour de lui avec curiosité. Un plafonnier similaire à celui de l’office s’était illuminé à leur entrée ; il ne s’agissait pas d’une pièce à vivre, plutôt d’une salle d’exposition. Toutes sortes d’objets s’y entassaient, sans ordre apparent, laissant juste assez d’espace entre chaque pour qu’une personne puisse s’y déplacer sans trop de mal. Le plus âgé s’était avancé, passant devant un porte-manteau aux allures insolites et une grande cage ovale de fer forgé posée sur une table ronde qui apparemment flottait dans les airs toute seule. Il lui adressa un clin d’œil tout en lui faisant signe d’approcher, la mine réjouie.
Il s’avança précautionneusement, évitant de frôler les bibelots aux formes incongrues, de porcelaine ou de verre soufflé ; certaines boules transparentes montraient en leur centre des chatoiements de couleurs, tantôt éclatantes, tantôt pastelles, souvent chaudes et parfois sombres, qui tourbillonnaient en de lascives et hypnotisantes volutes de fumée. Il se cogna le front contre une sculpture accrochée au plafond ; elle s’agita quelques secondes d’avant en arrière tandis qu’il jurait silencieusement contre son inattention. Il veilla à bien regarder tout autour de lui jusqu’à qu’il rejoigne le vieil homme qui l’attendait en souriant comme un enfant. Une fois arrivé à ses côtés, il vit ce qu’il voulait lui montrer.
- Cette chère Mademoiselle Cleite... ! soupira-t-il d’une voix attendrie.
Un mannequin de plastique, incroyablement peu réaliste en dehors de ses proportions féminines, supportait une création originale et unique de Chayton Cleite, la célèbre styliste un peu loufoque.
- Vous vous souvenez sûrement de Mademoiselle Cleite, n’est-ce pas ?
Elle était considérée comme excentrique et extravagante, plutôt décriée par la presse, mais toute la gente féminine de la haute société s’arrachait chacune de ses nouvelles œuvres. La collection d’été s’était vendue comme des petits pains à une vitesse affolante, et celle d’automne venait de partir sur la même voie.
- Oui. Comment pourrait-il en être autrement ? Il est rare de rencontrer une jeune personne, aussi jolie soit-elle, à ce point dérangée mentalement et totalement obsédée par les plumes.
L’opulente robe était un beau camaïeu de couleurs vives, essentiellement composée de plumes venant de toutes sortes d’oiseaux, du jaune canari au bleu aras, en passant par le rouge flamand et le noir corneille, agrémentée par moment de l’iridescence de l’étourneau. Seules quelques perles noires et blanches contrastaient l’ensemble duveteux, montées en un discret collier qui tombait élégamment sur la poitrine de silicone. Apparemment, les femmes des riches nobles de tous pays trouvaient cela parfaitement magnifique et raffiné. Il trouvait cela particulièrement tapageur et vulgaire.
- Vous êtes de mauvaise foi, mon jeune ami. La timide et discrète petite Chayton est devenue une vraie célébrité. Son originalité est tellement rafraîchissante !
Loin de supporter la vue criarde de cette longue et grosse robe, l’autre promenait son regard sur les autres objets intrigants que renfermait la pièce.
Dans le fond, attirant l’œil plus sûrement que les gadgets à cause de son imposante taille, un appareil visiblement destiné à voler était posé sur une petite estrade. Il semblait en réalité, malgré sa hauteur qui atteignait le plafond, qu’il s’agisse d’une maquette réduite de l’engin d’origine.
Le vieil homme avait suivi son regard et lui attrapa le bras pour l’attirer avec entrain vers la machine de bois.
- Une merveille, n’est-il pas ? C’est un homme de sciences qui l’a construite. Elle était destinée à faire voler les hommes, n’est-ce pas prodigieux ?
En termes de prodiges, les hommes s’étaient rattrapés depuis : un avion ou même une fusée semblaient bien plus sûr pour s’élever dans les airs que ce tas de bois et... de plumes.
- À l’origine, il s’agissait de toile tendue comme une membrane. En actionnant le système de pédale, les ailes battaient comme celles d’une chauve-souris et elle était censée s’envoler. Malheureusement, cet homme de génie n’a jamais expérimenter sa création...
Grand bien lui en prit. Cela lui aura au moins permis de poursuivre ses si brillantes inventions au lieu de finir sa vie au bas d’une falaise. Le jeune homme poussa un énième soupir agacé et las depuis qu’il avait rejoint le plus vieux, un peu plus tôt dans la soirée.
- Mais, en le voyant ainsi, poussiéreux et oublié dans ce sombre coin, cette charmante Mademoiselle Cleite a eu l’idée brillante de le rendre plus... Comment dit-on, déjà ? Ah oui : tendance... !
En lieu et place des toiles tendues sur les « ailes » de la machine s’alignaient en effet des centaines de plumes. Des plumes roses.
- Vous devez reconnaître que cette jeune femme ne manque pas de ressource, ni d’intelligence, se moqua gentiment le vieil homme.
- Revisiter le mythe d’Icare avec un chirotoptère à plumes roses, c’est vrai que c’est le signe indéniable de grandes capacités intellectuelles... rétorqua-t-il avec morgue.
L’autre secoua doucement la tête, amusé, tout en caressant avec tendresse les plumes à sa portée, fixées sur un treillis de fines cordes blanches. Mais il ramena vite son attention sur son invité.
- La nouvelle ligne pour homme fait également des ravages, vous savez ? le taquina-t-il.
Il lui retourna un regard si noir que n’importe qui d’autre aurait baissé les yeux, humilié. Le vieil homme se contenta de sourire en brandissant un haut chapeau à plumes aux couleurs aussi criardes que celles de la robe derrière eux.
Il fixa le chapeau, puis le vieux. Puis le chapeau. Puis le vieux.
Il grimaça, manifestant sans aucune ambiguïté son profond dégoût.
Le sourire de l’autre s’agrandit, encourageant et plein d’espoir. Ses yeux semblaient étinceler d’amusement, et il approcha un peu plus le chapeau vers son invité.
Ils s’affrontèrent ainsi du regard pendant de longues secondes. Finalement las, le jeune homme leva les yeux au ciel en soupirant bruyamment, pour bien exprimer son mécontentement et sa mauvaise volonté, puis s’empara rudement du chapeau hideux – à son avis, mais il comptait certainement plus en cet instant que les goûts douteux de son interlocuteur.
Il jeta un œil écœuré au propre couvre-chef grandiloquent du vieil homme, qu’il n’avait pas manqué de remarquer dès son arrivée. Il avait espéré que ne pas mentionner la chose lui éviterait une scène telle que celle qu’il subissait en cet instant. Mauvais calcul, mais il aurait du s’y attendre.
Il soupira de nouveau, blasé, et posa l’édifice plumeux sur sa tête.
Il lança ensuite un regard encore plus noir à l’autre, le défiant de faire le moindre commentaire. Mais l’autre se contentait de sourire de toutes ses dents.
Voulant éviter ces yeux trop enjoués pour son propre bien, il préféra retourner à son examen de la pièce, s’efforçant d’ignorer la sensation du haut-de-forme sur son crâne.
Sur une étagère, à droite de la machine volante, d’étranges objets s’agitaient doucement, comme bercés par une brise invisible. Ils s’agitaient car ils étaient pour grande partie eux aussi constitués de plumes multicolores.
Il y avait d’abord une sorte de minuscule instrument de musique, les plumes coincées dans une petite barre de métal doré se mouvant grâce à une succession de vis, permettant d’orienter chacune dans une direction différente le long de la barre. Il se demanda un instant si l’engin produisait réellement un son, en fait, avant d’abandonner aussitôt sa réflexion.
Plus loin, au milieu d’autres sphères de verre colorées et fumeuses, était posé ce qui ressemblait à un sablier. Sauf qu’en lieu et place du sable tournoyaient de toutes petites plumes, probablement d’un petit oiseau exotique, qui étaient aspirées par il ne savait quel procédé à travers l’étroit passage au centre de l’objet.
- Alors, qu’en pensez-vous ?
Il revint au vieil homme, essayant de restituer ce qu’il avait bien pu lui dire pendant son observation. Mais il n’avait rien dit, aussi lui envoya-t-il un coup d’œil interrogateur pour lui demander de quoi il parlait.
- Qu’est-ce qui est le plus lourd : la tonne de plumes ou la tonne de plomb ?
Il soupira. Il avait oublié la première question. Question idiote. Vraiment, terriblement idiote.
- Monsieur, aidez-moi à me rappeler, voulez-vous ? Pourquoi discutons-nous de plumes, déjà ?
Sa voix suintait le sarcasme en même temps qu’une grande lassitude. Ce n’était pas la première fois que la conversation dérivait de la sorte.
Le vieil homme lui rétorqua, le visage emprunt d’incrédulité à la pensée qu’il n’ait pas deviné tout de suite :
- Et bien, si jamais Mademoiselle Cleite avait un jour l’idée de remplacer ses plumes par du plomb, est-ce que ce ne sera pas trop lourd à porter pour les mannequins ? »
- Spoiler:
- Texte 2 a écrit:
Sengoku Jidai L'Ombre des Seigneurs
XVIème siècle, Japon; l'âge des provinces en guerre. Une époque marquée par les tourmentes de la permanence des conflits qui opposent les plus puissants seigneurs de guerre; les Daimyos. En ces temps troublés, les plus grandes ambitions deviennent possibles et les conspirations visant à renverser le Shogun siégeant à Kyoto se multiplient dans certains clans, désireux de bien davantage que la gouvernance d'une province. Alors que les plus puissantes familles se battent, l'expansion du commerce avec l'Europe amène de nouvelles technologies dans l'archipel, amorçant le déclin des samouraïs devant la puissance spectaculaire des mousquets et des canons. Mais cette avancée de l'armement avec l'Occident a colporté une nouvelle religion se répandant comme une trainée de poudre sur tout le pays: le nombre des adeptes du christianisme ne cesse de croître tandis que grandissent les hostilités envers les racines du bouddhisme. Dans l'ombre de la capitale, la province d'Iga envoie ses émissaires surveiller les daimyos alentours, souhaitant réprimer toute tentative d'insurrection contre le Shogun. Ils ont fait des ténèbres leur foyer, du sabotage leur enseignement et du meurtre leur art. L'un d'eux se rendît dans la province de Mikawa, alors gouvernée par un daimyo aussi populaire que jeune du nom d'Ieyasu Tokugawa. Il était au centre d'anciennes rivalités entre le clan Oda, basé dans la province d'Owari, au nord, et le clan des Imagawa, possédant plusieurs provinces à l'est de Mikawa. Les Oda étaient à présent dirigés par le fils de Nobuhide; le jeune et inexpérimenté Nobunaga, un seigneur de guerre qui pourtant nourrissait de grandes ambitions. Yoshimoto Imagawa a vu en ce dernier un ennemi qu'il pouvait vaincre. Il fit alors partir de Suruga 25 000 hommes de sa propre force ainsi que ceux de Mikawa, province qui restait sous sa tutelle de ses vassaux les Tokugawa, desquels il recevait régulièrement un lourd tribut en échange d'une maigre liberté, réclamant le soutien de leurs hommes dans l'espoir de prendre Kyoto et ainsi s'emparer du Shogunat. Les Tokugawa avaient acquis un certain renom, autant par leur compétence en matière de diplomatie d'ancienne famille honorable que dans leur fabuleuse capacité à égrainer des intrigues: leur connaissance dans le Ninjutsu leur permettait d'infiltrer aisément d'autres provinces afin d'y faire naître des rumeurs, et prémunir leur bastion contre toute intrusion malmenée. Il était venue l'heure aux ninjas d'Iga d'affronter leurs adversaires à armes égales...
Le printemps venait de s'achever. Les arbres en fleur parsemaient la cour du château de leurs couleurs vives, tandis qu'aux frontières s'assombrissaient les cieux. Aucun homme ne faisait sa ronde pourtant ce jour-là, pas plus qu'un était de garde aux entrées de la cité. Mikawa semblait sans surveillance, comme laissée à l'abandon aux mains d'un seigneur négligeant. Entrer à l'intérieur même de la citadelle n'avait demandé aucun effort, ou avait-ce été un simple gage de la chance? Hanzo avait voyagé de façon clandestine depuis Iga, et si les années d'enseignements dans sa province natale avaient été d'une dureté exceptionnelle, elles lui avaient aussi inculqué que rien n'était dû à une banalité de la vie. Ainsi prit-il méfiance, du moins à son arrivée, le temps de recueillir une confiance suffisante envers quelques membres du personnel chargé de l'entretien d'objets ménagers divers. Il se fia aux ragots et aux discours de chambre, par le temps il devint l'un des leurs: l'infiltration avait été une réussite. Il ne lui avait fallu qu'une vingtaine de nuits pour être convié à rencontrer un samouraï proche du daimyo, afin de le servir en tant que nouvel assistant suite à la mystérieuse disparition de son prédécesseur. L'occasion qui lui avait été présentée était bien assez flamboyante de bonnes intentions pour ne pas être refusée, et Hanzo fit de son mieux pour alléger les devoirs de ce Mitsudairu Matsunaga.
Durant les temps qui suivirent, un malaise s'installa peu à peu dans son esprit: il eut à plusieurs reprises la sensation d'être observé alors qu'il remplissait les tâches que lui donnait Matsunaga, et il y avait ces ténèbres inquiétantes recouvrant en partie la salle du conseil lors des réunions officielles. Hanzo entendit des rumeurs étranges à propos du recours des Tokugawa à une sorcellerie aussi maléfique qu'ancienne. Au cours d'une nuit, alors qu'il faisait mine de s'être assoupi à son poste, des bruits inhabituels parvinrent à ses oreilles. Leur fréquence régulière rappelait sans équivoque celle d'une prière. Les murmures provenant de l'inconnu semblaient s'être évadés d'un rêve, à peine audibles et pourtant bien réels pour l'ouïe fine d'Hanzo. Encore cette impression que des regards s'étaient posés sur lui... et voici que les masses sombres l'entourant ne lui paraissaient plus aussi familières qu'autrefois. "Il nous observe." Comme le dernier soupir d'un mort ces paroles sorties de nulle part n'avaient aucun genre, ni même signification. Néanmoins elles avaient transpercé l'émissaire d'Iga, hantant ses pensées et ses songes, lui faisant se torturer l'âme pour en trouver le sens. Qui était donc celui fixant ce groupe d'inconnus? Qui avait parlé? Fallait-il répondre ou continuer à jouer l'endormi et risquer de perdre la vie? Il devait rester dans son personnage; cela en était devenu son unique certitude. Sa seule force résidait alors dans la faiblesse de ses apparences. À cela sa couverture ne pouvait être meilleure: Hanzo était un jeune espion qui arborait une très fragile constitution, et nombre de fois il avait trompé son maître en manipulant avec maladresse. Mais un doute subsistait, remettant en cause toute sa logique: si les apparences lui avaient donné raison, pourquoi serait-il au centre d'une situation aussi inconfortable? N'était-ce pas ce fait qui prouvait justement que toutes ses dissimulations venaient de s'évaporer? "D'où vient cet étranger dormant?" À nouveau ces murmures parmi l'obscurité... ainsi qu'une vague impression d'être parvenu à percevoir une silhouette, celle d'un homme recroquevillé contre le mur qui faisait face au visage d'Hanzo. Celui-ci avait à présent les yeux grands ouverts, fixés en direction du corps gisant devant lui. Il entreprit de prononcer quelques paroles, mais avant qu'un seul son ne s'échappe de ses lèvres l'individu poursuivit ses interrogations: "Que pourrait-il bien demander maintenant qu'il est seul? Aucune chose en ce monde ni d'aucun autre ne pourra lui en être fait grâce. -Je vous vois, répondit Hanzo avec lenteur." Un long silence s'ensuivit. À quoi pouvait penser cet être alors que tous les acteurs venaient de se figer? Quelles avaient été ses intentions? L'abattre? Pourquoi aurait-il pris le risque de le réveiller? Savoir qui Hanzo était réellement? Il était évident qu'il l'avait suivi depuis un certain temps. Mais quels actes avaient-ils pu le trahir? "Me percevras-tu toujours lorsque moi je te percerai?" Des menaces? Hanzo n'avait pourtant éprouvé nul frisson. Si l'inconnu venait à mettre ses termes à exécution, il lui suffirait de bien davantage qu'un coin de pénombre pour échapper aux dagues affutées d'Iga. La silhouette disparut soudain de son champ de vision, l'instant suivant Hanzo ressentit une légère pression dans le bas du dos. "Si tu ne désires pas t'enfuir quand il le faut, sans doute ces jambes ne te sont d'aucune utilité." Tout ce dont Hanzo avait redouté en arrivant à Mikawa semblait tendre à se réaliser; s'il s'agissait d'un assassin tentant de mettre sa mission en échec il n'existe qu'un seul remède; l'abattre avant d'être abattu. Cependant, la position dans laquelle il se trouvait à présent n'était pas à son avantage, pas plus que ne l'était le fait qu'il ne savait rien de son agresseur. "Tu réfléchis trop confrère d'Iga pour agir rapidement. Si ta pensée est lumière ton arme doit être éclair. Ne sois pas rivé à ton esprit." Le point de pression se relâcha. "L'on m'appelle Yasuda -Chisato, se présenta Hanzo." Rassuré de ses quelques bonnes paroles, Hanzo pensa qu'il avait retrouvé toute sa mobilité d'antan, mais avant qu'il ait eu le temps de se retourner assez pour apercevoir le visage de son assaillant, celui-ci s'était déjà enfui. La salle était si claire pourtant, les ténèbres avaient totalement disparut durant ce qui lui avait paru n'être qu'un battement de paupières. La tête lourde il se releva et inspecta les lieux, mais ne trouvant rien qui puisse prétendre à cette vision qu'elle avait été davantage qu'un simple songe il s'en alla rejoindre son maître.
"Chisato !" hurla Matsunaga depuis sa chambre située à quelques mètres de celles des assistants, bien qu'Hanzo avait déjà atteint le pas de la porte et ne faisait que patienter la permission pour entrer. -Je suis ici mon bon maître." De graves sonorités se firent entendre derrière la façade coulissante, comme si un homme faisant son poids en armure avait chuté de tout son long dans des escaliers emplis de mille clochettes criardes. Ils furent très vite suivis par une cacophonie de percussions, semblables à la foudre s'abattant avec toujours plus de proximité sans pour autant perdre en intensité. La porte s'ouvrit avec une brusquerie encore inégalée. Devant Hanzo se tenait un homme, le nez arrivant en hauteur aux abdomens du jeune homme -il faut dire que ce dernier était d'une taille convenable-, les cheveux grisonnants et le teint pâle, un large rictus de mécontentement planant sur un visage sévère au naturel. "Chisato ! s'écria-t-il une fois de plus. Suis-je réveillé?! -Oui, maître Matsunaga, répondit Hanzo de la façon la plus docile dont il était capable en de telles circonstances. -Et qu'est-ce que je veux voir devant moi lorsque je me réveille? -Votre repas, maître Matsunaga." Le vieux samouraï se détourna de son assistant, se remit sous ses draps et fit mine de s'être endormi. Hanzo comprit, se mettant en chemin pour les cuisines. Son maître, bien que d'un mépris extrême pour tout ce qu'il considérait comme lui étant inférieur, avait eu quelques succès dans la chasse aux brigands ainsi que dans le sauvetage de villages. Ieyasu était encore un jeune seigneur lorsqu'il admit que l'on ne pouvait régner véritablement sans l'entière dévotion de ses subordonnés, particulièrement ceux des classes les moins aisées qui, malgré une puissance de feu bien en deçà de celle de ses hommes de mains, possédaient de par leur nombre une force politique qu'il ne fallait pas renier. Ainsi Matsunaga exécutait avec loyauté les ordres du daimyo, et ce même si Hanzo l'avait déjà surpris à marmonner quelques mauvaises considérations à propos de l'âge tendre de celui-ci. Toutefois Hanzo restait à ses côtés, notamment pour le servir lors des réunions officielles du clan durant lesquelles il se délectait de quelques informations cruciales.
Ce jour-là justement était de ses jours emplis d'intérêts où tous deux, conviés autour de la table seigneuriale, glanaient les précieuses instructions des lèvres du jeune Tokugawa. "Mes chers amis, salua celui-ci, nous sommes en état de guerre. Oda Nobunaga de la province d'Owari fait avancer au moment où je vous parle ses troupes le long de nos frontières. Il a le plein accès à nos terres pour ses hommes, mais cela ne doit pas rester impuni. Je demande la participation au conflit militaire des Imagawa de Suruga afin de préserver notre indépendance contre ces sauvages venus du nord. -Mon seigneur, s'exclama une voix assurée d'une place voisine à celle d'Ieyasu, les forces des Imagawa sont nettement supérieures à celles des Oda. Nous même nous ne pouvons pas rivaliser avec la puissance d'aucune de ces deux armées. Il devient vital pour notre clan de sceller notre alliance avec les Imagawa par notre marche vers la capitale de tous les hommes en état de tenir une lance. Cet homme, Hanzo l'avait reconnu facilement. Il avait été le porte-parole des ordres de Matsudaira, le père d'Ieyasu, et veillait à ce que tous les respectent encore scrupuleusement. Le daimyo reprit: "Yoshimoto Imagawa veut renverser le Shogun... -Un shogunat d'incapables ! s'écria l'ancien porte-parole. Nous sommes les vassaux des Imagawa, en ce titre nous n'avons aucune souveraineté à mettre en avant pour justifier un éventuel refus de coopérer avec leurs forces. L'armée de Yoshimoto marchera jusqu'à la capitale, pourquoi diable se préoccuper des Oda ne représentant à peine qu'un dixième des Imagawa? De plus, l'on dit de ce Nobunaga qu'il a l'esprit insane, et qu'il se noie des façons les plus obscènes dans ses rêves de grandeur." Ieyasu n'appréciait guère plus les Imagawa que les Oda; tous deux l'avaient marchandé lorsqu'il était enfant afin de conclure diverses alliances et son père, Matsudaira Hirotada, aurait préféré la mort de son fils plutôt que de voir ses accords avec les Imagawa se briser. Le restant du conseil se passa rapidement sans qu'aucune autre décision n'en ressorte. Alors le jeune Tokugawa n'avait aucun pouvoir sur ses généraux... voilà qui amusait Hanzo tout en le terrifiant de l'influence qu'exerçaient les Imagawa. Il lui devenait évident que s'il souhaitait préserver le shogunat actuel il devait lutter contre Yoshimoto, ce qui revenait à aider les Oda en les prévenant de l'invasion future d'Owari, ainsi que tous les autres daimyos se trouvant entre Suruga et Kyoto afin de se rallier à la cause de l'Empereur. Hanzo en conclut qu'il en avait suffisamment appris de Mikawa pour qu'Iga puisse convenablement agir. Il attendra la nuit pour s'évader et rejoindre sa province natale par l'embarcation navale qu'il avait dissimulé après son accostage quelques kilomètres à l'ouest. Il repartit avec Matsunaga vers les appartements de ce dernier avant de lui échapper. Hanzo se rendit ensuite dans sa chambre. Il s'arrêta au pas de la porte. L'endroit avait été vidé de toutes ses affaires, même les armes qu'il gardait cachées avaient été subtilisées. Seule restait cette ombre au coin de la pièce. "Ils sont venus et pendant que tu prenais renseignements de leurs seigneurs, ils en prenaient sur toi." Les murmures de Yasuda restaient toujours aussi posés, tandis qu'à l'inverse la panique envahissait inexorablement l'esprit d'Hanzo. "Qui sont-ils? questionna Hanzo sans savoir dans quelle direction poser le regard. Des assassins à la solde des Tokugawa? -Crois-tu que si ça avait le cas la prochaine commande concernerait le jeune daimyo?" Ils lui en voulaient ainsi qu'à Ieyasu? De quel clan exécutaient-ils les ordres? Hanzo ne perdit pas davantage de temps pour répondre à ses interrogations. Il fit demi-tour, revenant sur ses pas avec la plus grande des discrétions. La salle du daimyo était vide de vie, hormis Tokugawa qui se tenait devant un autel de prière. Hanzo sentit qu'ils n'étaient pourtant pas seuls. Cette terreur, venait-elle des masses sombres encerclant le jeune seigneur comme une nuée de vautours? Ces présences dégageaient la même sensation que celle ressentie aux côtés de Yasuda; vive et pourtant pleine de froid, sans aucun genre ni tonalité qui permettraient de distinguer leur existence à celle d'un rêve éveillé. Hanzo s'interrogea soudain sur une simple pensée: pourquoi faisait-il tout ça? Tokugawa était l'allié de Yoshimoto, en ce sens il était l'ennemi du shogunat et donc la cible d'Iga. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être attiré par la scène se déroulant sous son regard, peut-être était-ce par compassion à l'égard des épreuves endurées par Ieyasu, ou tout simplement était-ce l'assurance de ne pas remettre un rapport digne aux seigneurs d'Iga s'il venait à omettre la présence d'une autre force en jeu. "Qu'attendez-vous donc? demanda Ieyasu sans relever la tête. Je n'ai plus aucun contrat me liant à votre clan. Sortez de mon château." Une voix s'éleva depuis l'obscurité, une voix qui ne pouvait appartenir à un être humain. "Il est temps de payer votre dû envers le clan Fuma, par votre sang." Hanzo sortit de son abri et s'élança aussitôt au centre de la salle, éparpillant à travers les ombres assez de lames pour taillader les chairs jusqu'aux os. L'instant suivant, il était à terre, allongé sur le sol et démuni d'arme. À nouveau les rayons du jour avaient pénétré la salle, baignant celle-ci dans une lumière éclatante. Les ombres avaient disparu. Tokugawa gisait. Il était vivant. Sa tête tournait, comme s'il avait bu tout un tonneau d'alcool. Ils les avaient drogués, lui et Ieyasu, comme Yasuda l'avait fait avec Hanzo à leur première rencontre. Appartenait-il au même clan? Le clan Fuma? Il n'en avait jamais entendu parler. "Assassins !" hurla le seigneur se réveillant avec peine. Il ne fallut pas attendre longtemps avant que la cohorte de gardes franchisse l'entrée, accourant vers cet assistant aussi particulier qu'esseulé. Il leva les mains au-dessus de la tête. "Ne le tuez pas !" ordonna Ieyasu. Hanzo se laissa se faire prisonnier. Il fut conduit dans une petite cellule puis solidement attaché afin de restreindre le moindre de ses mouvements. Plus tard dans la soirée, il reçut la visite de Tokugawa en personne. Ce dernier lut un parchemin de lois: "Chisato Ujimasa, vous êtes reconnu coupable de complot envers votre seigneur, et condamné pour trahison. Vous serez pour cela exécuté à l'aube comme l'exigent nos traditions et nos lois." Il resta un moment, fixant Hanzo avec une déception sans mesure pendant plusieurs minutes, et quitta la prison. Le lendemain, Hanzo fut réveillé aux aurores par une patrouille puis préparé à la cérémonie funeste. Etant ninja, son visage fut recouvert d'un voile noir afin qu'il meure dans l'anonymat...
Le peloton d'exécution était prêt, tous les acteurs à leur place. La scène pouvait commencer à se jouer. L'on transporta le coupable devant les plaignants ainsi qu'une assistance venue pour y célébrer la survie de son seigneur. Il n'y eut pas d'honneur à rendre, ni même noms à déposer, l'exécuté n'étant pas samouraï. Lorsque le moment fut arrivé, l'on tendit un sabre à Ieyasu afin qu'il pourfendre l'homme lui ayant fait offense. Le seigneur ne laissa pas l'audience en attente et acheva son devoir avec dextérité. Le corps sans vie du criminel retomba sur la terre. La seconde suivante, les spectateurs commencèrent à se lever et à repartir vaquer à leurs occupations quotidiennes. L'on termina la cérémonie par l'incinération du cadavre.
Plus tardivement dans la journée, Ieyasu rejoignit sa chambre de prière comme à son habitude avant d'aller se reposer. Il convia Matsunaga à prendre part à sa méditation. Lorsque ce dernier entra dans la salle obscure, il y vit le jeune seigneur assis près des cloisons extérieures admirer l'horizon du soleil couchant. "Entrez donc Mitsunaga, l'invita Ieyasu. Contemplons cette tombée nocturne ensemble voulez-vous?" Le petit homme entra et alla s'installer aux côtés de Tokugawa. Il paraissait terriblement anxieux, comme si la capture de son assistant lui avait laissé une profonde empreinte de déshonneur. Le daimyo n'insista pourtant pas davantage sur les motifs du comportement de son vassal déviant. Il ne lui en avait pas encore fait discussion, et il semblait qu'Ieyasu avait déjà enterré l'affaire sous d'autres instructions étranges, lesquelles il fit part à son officier sur la tonalité du soupir. "J'aurai besoin de vos services ainsi que de votre délicatesse." Le samouraï ne comprit pas immédiatement ce que désirait Ieyasu. Au commencement il ne fit que suivre les ordres au mot près, quittant le château avec seulement deux hommes. Vêtus de leur armure et sabre au fourreau, ils s'éloignèrent vers l'ouest jusqu'à trouver un petit campement d'infortune qu'un homme solitaire avait dû installer quelques semaines plus tôt. Ils fouillèrent la terre sans avoir connaissance de l'objet de leur recherche, et finirent malgré tout par déterrer un long crochet ainsi qu'une dague recourbée, une fiole de poison et un filet de capture; des armes de meurtre qu'un shinobi aurait pu transporter jusqu'ici dans l'intention de frapper très prochainement -la terre avait été retournée la nuit dernière-. Matsunaga avait l'esprit en feu, cependant il continua sa lecture des ordres de Tokugawa, et s'aperçut de l'existence d'une dernière recommandation suite à cette découverte: il lui fallait longer les rivages en recherche d'une petite embarcation furtive. Tout comme précédemment les trois hommes obéirent sans plus s'interroger sur les motivations de leur seigneur. Ils inspectèrent la plage jusqu'à récupérer le fameux bateau dans une enclave rocheuse. Celui-ci était vide et par conséquent sans grand intérêt. Il régnait en cet endroit une atmosphère inquiétante, emplie de ténèbres derrière la pierre, et de bruits de mouvements que les vagues ne parvenaient pas entièrement à recouvrir. Matsunaga crut tout d'abord qu'il s'agissait d'une planque de contrebandiers, mais alors qu'il tendait l'oreille contre la roche afin de mieux entendre les murmures de ceux gisant par-delà les parois, des hurlements de terreur provenant de ses côtés le surprirent à tel point qu'il en tomba à la renverse. Désorienté, il balaya la grotte du regard. Ses gardes du corps reposaient sur le sable d'or, une large entaille leur déchirant la gorge. Il examina avec hâte chacun des recoins, chacune des formes et chaque rocher qu'il pouvait discerner de l'obscurité au soutien des lueurs de la Lune. Tout paraissait n'être qu'un rêve, un mauvais songe duquel il pouvait s'évader d'un clignement d'œil. C'est alors qu'ils arrivèrent; enveloppés d'un linceul d'ombre, ils dessinaient de leur pas un cercle autour du samouraï tels des rapaces en attente du moment opportun pour fondre sur leur proie et l'abattre d'un seul coup. Matsunaga ne semblait pas faillir devant la peur; il tenait fermement son sabre devant lui, prêt à utiliser jusqu'à ses dernières forces pour vaincre ses ennemis.
Pareilles aux temps des éclipses les lumières nocturnes disparurent aussi soudainement que se dissipèrent les ombres uniformes. Un spectre venait de s'échapper de l'embarcation. Il fondit sur la horde de shinobis et les décima de sa faucille tournoyante au-dessus de son visage, recouvert dans sa basse moitié d'un voile sombre et tâché de sang. Hanzo était revenu du royaume des morts. Matsunaga, quant à lui, n'avait pas bougé. Debout, il avait regardé la scène, l'âme scindée entre frayeurs et espérances. Tout l'escadron des Fuma semblait avoir été anéanti, et pourtant voici qu'une ombre solitaire se dressa au dos du samouraï, achevant l'œuvre de ses comparses dès lors que sa lame eut atteint la nuque du vieil homme. Celui-ci devint blême, puis inerte face contre sol. Hanzo accourut, mais en vain. Yasuda déjà se hâtait dans sa fuite. Il avait quelques instants d'avance lorsqu'Hanzo s'élança à sa poursuite. La traque dura plusieurs minutes, cependant toute trace fut perdue alors qu'ils pénétrèrent dans le bois. Les arbres et feuillages fournissaient une échappatoire efficace ainsi qu'une excellente façon pour une proie de devenir chasseur. Connaissant les techniques des Fuma, Hanzo était persuadé que Yasuda l'attendait en un lieu dans lequel les compétences de son adversaire étaient significativement réduites. Il savait aussi que supprimer les subterfuges dans le Ninjutsu des Fuma amenait à éradiquer l'efficacité de leur art du combat, qui reposait en grande partie sur la fourberie et le déni constant du face-à-face. Il se dirigea alors vers la plus proche clairière, feintant ainsi l'évasion. Yasuda lança l'assaut avant que la lisière l'oblige à révéler sa position. Hanzo l'esquiva de peu, puis se précipita à la suite sur son adversaire afin d'éviter que celui-ci ne fasse d'autres tentatives. Le combat fut de tout aussi courte durée que l'assaut: Hanzo parvint à blesser Yasuda dans le bas du dos, trop peu pour le tuer mais assez pour lui imposer la fuite. Il voulut une fois de plus le suivre et en finir avec la menace des Fuma, toutefois une vive douleur se déclara au niveau de l'abdomen, le foudroyant sur place et l'immobilisant au sol. La plaie semblait profonde. Elle traversait de part et d'autre le bas du ventre, faisant la jonction entre les moitiés inférieures et supérieures de son corps. Un frisson glacial lui parcourut l'échine. Il avait servi loyalement Ieyasu ainsi que le peuple d'Iga. Ces pensées lui suffirent pour abaisser les paupières, serein. Le soleil venait de se lever.
Au matin du printemps, les fleurs éclosent Et la rosée, lentement s'y dépose Ces pétales de jour, clairs sous le ciel Dessineront, encore sous la grêle Les regards des enfants, souriant à l'aube Riant à l'ode, d'une femme en exode Derrière elle, se pressent les ombres De cent esprits vengeurs, cris dans les combes Soleil couchant du soir, ne sombre pas Quand vient le noir, demeure auprès de moi Les yeux chutant, l'horizon se dérobe Le ciel s'assombrit, dévorant la pagode Un vin chaud aux lèvres, la tête saoule De fleuves en ruisseaux, le sang s'écoule Le glaive hardi, la gorge emplie de rires Puisse ne jamais, la lueur mourir.
Dernière édition par Mikan le Mer 26 Sep 2012 - 17:49, édité 1 fois | |
| | | Vinou Factrice suprême et fourbe
Messages : 7282 Inscrit le : 22/03/2010 Localisation : Un esprit sain dans un porcin.
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| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Lun 3 Sep 2012 - 20:58 | |
| Je n'ai absolument pas le temps de lire et commenter ces textes là tout de suite mais pendant que j'y pense (et avant que la question ne s'abîme dans l'infinitude de mes fréquents oublis) : pardonne ma question toute pourrie mais ''appréciation générale'' doit être noté aussi sur 5 ou c'est pour mettre la note globale regroupant l'ensemble des critères en dessous ? | |
| | | Mikan Dictatrice au fouet d'argent
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| | | | Mikan Dictatrice au fouet d'argent
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| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 17:47 | |
| Le concours se termine sans vote, pas de gagnant donc. Merci à nos deux participants : Hamtaro pour le texte n°1 et Anayen pour l texte n°2. | |
| | | Hamtaro Bettapouale
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| | | | Edward Smith Romancier
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| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 18:22 | |
| Pardon, je suis vraiment, vraiment désolé, j'avais commenté/noté le texte de Hamtaro mais je n'avais pas commenté celui d'Anayen encore... Je suis vraiment désolé de vous avoir fait défaut... | |
| | | Hamtaro Bettapouale
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| | | | Vinou Factrice suprême et fourbe
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| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 19:28 | |
| Pareil, j'avais fait le commentaire du premier texte et bien entamé le second mais le manque de temps et un cerveau pris par beaucoup de choses m'ont fait mettre la chose de côté... Je ferais un peu plus gaffe au délais la prochaine fois. Désolé aux participants | |
| | | Hamtaro Bettapouale
Messages : 2311 Inscrit le : 22/03/2010 Localisation : Sur le Trône de fer
| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 19:34 | |
| Avec la rentrée pour certains, et nos vies respectives, c'est normal que ça puisse nous sortir de la tête
Moi, je n'avais pas commenté, parce que sinon, ça aurait bousillé l'anonymat, donc bon... Tant pis !
En tout cas, il faudra garder ce système de vote, qu'on ait l'occasion de l'inaugurer ! (et la prochaine fois, je grugerai pour les commentaires, quitte à me faire une auto-critique ! XD ) | |
| | | Vinou Factrice suprême et fourbe
Messages : 7282 Inscrit le : 22/03/2010 Localisation : Un esprit sain dans un porcin.
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| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 19:56 | |
| Le blème c'est que se noter soi-même c'est pas du tout objectif donc ça fausse le résultat de classement sur ton propre texte (en bien ou en mal selon la ''fierté'' que tu tires de ton propre travail). De plus si tu donnes un avis sur ton texte et qu'un lecteur t'a reconnu d'après le style ben ça peut fausser sa vision de ton truc par rapport aux textes concurrents. Enfin faut voir si mémé ma noble maîtresse ''interdit'' le vote pour son propre texte, mais perso si je participe en auteur je ne participe pas en lecteur avant la tombée des résultats.
Enfin bref. Ca me blase, j'avais bien pris à cœur de noter avec réflexion et tout, j'attendais un moment pour finir mon interprétation du second texte mais au final j'suis encore à la bourre xD D'ailleurs j'ai toujours pas trouvé non plus de victime potentielle pour une prochaine critique, va falloir encore que je fouisse pour ça aussi...
Je voudrais des journées plus longues pour faire co-exister mes moults amours. | |
| | | Edward Smith Romancier
Messages : 653 Inscrit le : 06/11/2010 Localisation : France
| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 20:33 | |
| @ Hamtaro: aucun soucis, par contre tu auras droit à la notation... Sache que je n'aime pas du tout faire ce genre de choses - je considère qu'un texte n'est pas à "noter", même si j'avais été tenté par l'exercice ici -, mais en l’occurrence ma critique s'étant construite autour de ces notes je ne peux pas vraiment m'en défaire... Par contre je suis tout fier, je vous avais reconnu tous les deux en tant qu'auteurs des textes !
@ Vinou: si tu trouves le secret de la journée plus longue je suis preneur. | |
| | | Hamtaro Bettapouale
Messages : 2311 Inscrit le : 22/03/2010 Localisation : Sur le Trône de fer
| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 21:23 | |
| @ Vinou : ouais, je sais, je sais... C'est pas objectif du tout. Enfin, si, je peux essayer de me détacher au maximum, mais c'est vrai que ça restera toujours "j'aime/j'aime pas ce que j'ai fait", donc bon. Mais ma remarque était à prendre comme une plaisanterie ^^
Oh, et, ça ne voulait absolument pas dire que je pouvais votre pour mon propre texte, c'est pas formellement interdit il me semble, mais c'est beaucoup mieux si on évite... quand même...
@ Mr Smith : pas de souci, ça m'intéresse de voir comment tu as noté ce texte
- Citation :
- Par contre je suis tout fier, je vous avais reconnu tous les deux en tant qu'auteurs des textes !
C'est gentil, s'il y a des indices ou des choses comme ça qui t'ont guidés, n'hésite pas à le signaler aussi
J'avais reconnu Anayen, c'est vrai, pour le thème et l'ambiance surtout. Je ne crois pas avoir moi-même l'habitude d'écrire comme je l'ai fait pour ce texte, il était quand même très particulier... mais visiblement, il y a des choses qui restent, tant dans le style que la forme Ça m'intéresse de savoir ce qui t'a permis de me reconnaître
Vinou, si tu as fait une critique toi aussi, j'aimerai bien voir également | |
| | | Mikan Dictatrice au fouet d'argent
Messages : 6806 Inscrit le : 20/03/2010 Localisation : Je suis passée par ici, je repasserai par là...
Disponibilité : Moyenne
| | | | Hamtaro Bettapouale
Messages : 2311 Inscrit le : 22/03/2010 Localisation : Sur le Trône de fer
| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 21:32 | |
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| | | Edward Smith Romancier
Messages : 653 Inscrit le : 06/11/2010 Localisation : France
| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Mer 26 Sep 2012 - 21:56 | |
| ... Là où j'ai plus honte par contre, c'est que je n'avais absolument pas vu ton texte comme une fanfiction sur Harry Potter. Mais c'est là le jeu j'imagine, et cela fait parti du mystère de ton texte que j'ai beaucoup aimé. En réalité je t'ai reconnue parce que tu es, je crois, l'une des auteurs de ce site à être le plus "proche" de ma façon d'écrire: ton écriture est volontiers elliptique, ouverte, mystérieuse. C'est là quelque chose que j'aime beaucoup et qui, à mon sens, ressors bien dans ton texte. | |
| | | Anayen Écrivain en herbe
Messages : 310 Inscrit le : 06/03/2011 Localisation : Tours (37)
| Sujet: Re: Concours des plumes [Votes] Sam 29 Sep 2012 - 0:40 | |
| Ah, pour une fois que j'étais resté sérieux tout au long d'un si long texte... voilà qui me donne une excuse pour repartir sur mes bouffonneries ! | |
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